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Par Thomas Guénolé, politologue au Cevipof
En filigrane de l'élection du prochain président de l'UMP, le retour de l'ancien président dans l'arène politique est, sinon préparé, du moins imaginé. Une nouvelle candidature est de fait envisageable : il aura 62 ans en 2017. Elle nécessiterait que huit conditions soient remplies.
La première est une mauvaise conjoncture économique persistante en 2016. Sous contrainte de finances publiques sinistrées et d'une croissance durablement en berne, le quinquennat de François Hollande sera vraisemblablement caractérisé par des mesures d'austérité et par l'augmentation des prélèvements obligatoires, ce qui le rendra impopulaire. Or, les projections macroéconomiques, en l'état, vont dans le sens d'une stagnation.La deuxième est d'apparaître comme le meilleur candidat de l'opposition. Ce sera le cas si le prochain président de l'UMP peine à refaire le plein des intentions de vote de la droite et du centre d'ici à mi-2016, et si les sondages de Nicolas Sarkozy sont meilleurs que les siens.
La troisième est l'absence de verrouillage de la désignation du futur candidat de droite par l'état-major du parti. Or, il est probable que l'UMP copie pour 2017 le dispositif à succès de la primaire socialiste de 2011. Dans une telle configuration, ayant conservé une forte popularité dans la base électorale de la droite, Nicolas Sarkozy bénéficierait d'un net avantage sur ses concurrents.
La quatrième est l'absence de parasitage par les affaires Karachi et Bettencourt. En l'occurrence, le calendrier dépend de celui des procédures judiciaires, qui lui-même dépend des progrès de l'instruction. Si l'ancien président pousse à une accélération en la matière, ce sera d'ailleurs le signe d'une volonté de réélection.
La cinquième est la présence persistante de Nicolas Sarkozy dans le débat public, à l'instar de son intervention récente sur la question syrienne. A défaut, il serait frappé d'obsolescence comme jadis Lionel Jospin après 2002.
La sixième, en tant que challenger, est une entrée en campagne dès un an avant l'élection. A contrario, opter pour une déclaration à la dernière minute reproduirait l'erreur de Lionel Jospin en 2006 : les jeux étant déjà faits entre successeurs, il n'y aurait plus d'espace pour un retour.
La septième est de corriger le problème d'image qui a incontestablement contribué à sa défaite : avoir insuffisamment "habité la fonction" du fait de comportements et de propos très éloignés du profil du monarque républicain hérité du général de Gaulle et perpétué par François Mitterrand. La désormais célèbre tirade "Moi président" était au demeurant un inventaire de ces carences.
La huitième est que Nicolas Sarkozy ait l'intention de se représenter. Annoncé largement perdant en 2012, finalement battu sans l'immense écart annoncé, on imagine difficilement que l'envie de revanche ne le tenaille pas en vue de 2017 face au même adversaire.
Thomas Guénolé, politologue au Cevipof
http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/08/13/les-huit-conditions-du-retour-de-m-sarkozy-en-2017_1745690_3232.html#xtor=AL-32280515
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